France Info lance l’opération spéciale #LesMalChauffés

Quelques semaines après la parution du rapport alarmant de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement, France Info lance l’opération #LesMalChauffés. En 2018, selon l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), 6,8 millions de personnes consacraient plus de 8 % de leurs revenus aux dépenses en énergie. En cause, des logements mal isolés, impossibles à chauffer, contraignant de plus en plus de ménages à vivre dans le froid pour réduire leurs factures.

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Cette semaine, les équipes de France Info donnent la parole à ces Français qui souffrent en silence, à travers une série de reportages et d’analyses menées avec une sociologue spécialisée de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie).

La précarité énergétique derrière les chiffres

Les témoignages, recueillis par les équipes de France Info, laissent entrevoir l’ampleur des répercussions du « froid subi » sur la vie sociale et familiale, la santé, la difficulté à trouver ou à conserver un travail… La réalité, en dessous de 10 °C, c’est ne pas pouvoir se doucher, rester confiné dans une seule pièce et, faute de moyens, se contenter de solutions de fortune qui contribuent à aggraver la situation.

 

L’obstruction des voies d’aération est un réflexe courant dans ces conditions. Les effets sur la température ressentie sont infimes et se paient pourtant au prix fort : développement rapide des moisissures et baisse de la qualité de l’air. Ajoutée au froid ambiant, cette pollution intérieure compromet chaque jour un peu plus la santé des occupants.

 

« Mon médecin m’a envoyée faire des radios : j’étais pleine d’arthrose et d’ostéoporose, à un niveau anormal pour mon âge », explique Fabienne qui habite depuis 6 ans un HLM de 45 m², dans un bâtiment construit au XVe siècle. Elle dépense jusqu’à 20 € par mois de recharges pour ses bacs absorbeurs, dans l’espoir de freiner l’humidité qui envahit les lieux. Un détail sur la liste des dépenses directement liées à la précarité énergétique : soins médicaux, traitements, chauffage d’appoint coûteux et inefficace… Mais les conséquences vont encore au-delà de l’aspect sanitaire et financier.

 

« On a eu peur de perdre la garde des enfants », confie Aurélie, mère de famille dans l’Oise. Une éducatrice du conseil départemental a identifié le logement comme insalubre et les espaces inadaptés à des enfants. Dans cette maison de 110 m², la nuit tombée, toute la famille se regroupe dans la chambre parentale afin de moins souffrir du froid.

Défaut d’information et d’accompagnement des ménages en difficulté

Comme beaucoup de Français, cette famille n’était pas informée de l’existence d’aides financières spécifiques à sa situation. Avant d’être accompagné par l’association Réseau Eco Habitat, le ménage avait été déçu par une action de travaux mal calibrée et une réalisation de moindre qualité. Certaines entreprises se prétendent habilitées pour mener des chantiers d’isolation à 1 €. Or, ces travaux demandent des qualifications reconnues et la pertinence de leur réalisation doit avoir été évaluée en amont. Les actions seules s’avèrent insuffisantes dans des habitations qui nécessitent un projet de rénovation globale : toiture, isolation des parois opaques et vitrées, ventilation, système de chauffage… Grâce au soutien d’acteurs spécialisés, ces travaux, dont le coût dépasse les 80 000 €, pourront être menés avec un reste à charge de quelques milliers d’euros pour la famille de l’Oise.

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Le cas de cette famille illustre à lui seul différentes problématiques rencontrées sur le terrain de la rénovation énergétique. Le manque d’accompagnement qui laisse les ménages à la merci d’entreprises peu scrupuleuses, voire frauduleuses. Les conséquences dramatiques pour les victimes, qui entérinent la confiance des Français vis-à-vis de la profession et des dispositifs d’aides. En conséquence, un rythme de rénovation au ralenti et une situation qui s’aggrave pour les plus modestes. Avec la hausse des prix de l’énergie, se chauffer coûte de plus en plus cher, les impayés et les coupures se multiplient.

Reconnaître les acteurs qualifiés et lutter contre les fraudes

Effy, premier spécialiste de la rénovation énergétique auprès des particuliers, propose un cadre sécurisé et simplifié, en assurant le lien entre les différents acteurs du secteur. De l’accompagnement par des conseillers spécialisés, aux contrôles des chantiers, en passant par les solutions de financement : chaque étape du projet de travaux répond à des exigences spécifiques.

 

Cette chaîne de confiance mise en place par Effy, doit être soutenue de manière plus large par des mesures fortes de la part des pouvoirs publics. Depuis plusieurs années, le groupe lance l’alerte sur les entreprises qui « harcèlent téléphoniquement les ménages les plus vulnérables et s’imposent chez eux pour y bricoler des travaux de piètre qualité ». Des pratiques dénoncées par Frédéric Utzmann, président d’Effy, à l’occasion de la lettre ouverte, adressée en septembre 2019, au Ministère de la Transition écologique et solidaire.

Progression des politiques de lutte contre la précarité énergétique

Un plan de lutte contre les fraudes dans le secteur de la rénovation énergétique a été annoncé en novembre 2019. L’objectif : traquer et sanctionner les fraudeurs afin de protéger les ménages et redonner de la visibilité aux vrais acteurs du secteur.

 

En parallèle, de nouvelles aides ont vu le jour en 2020. L’enjeu étant de continuer à valoriser les actions les plus efficaces, tout en développant des solutions pour réduire le reste à charge des plus modestes.

 

« On progresse, lentement », souligne Isolde Devalière, interrogée par France Info. La sociologue de l’Ademe rappelle que la définition même de la précarité énergétique n’est apparue officiellement qu’en 2010 avec la loi Grenelle 2. Malgré les nombreux dispositifs mis en place, de plus en plus de personnes sont touchées par le phénomène. Le déploiement de nouvelles aides doit coexister avec des campagnes d’informations ciblées auprès des ménages fragilisés. Un constat à l’origine du programme SARE – Service d’Accompagnement pour la Rénovation Énergétique, porté par l’Ademe. Par ailleurs, les sanctions et mesures dissuasives doivent être durcies à l’encontre des propriétaires bailleurs de logements insalubres ou énergivores. La simple incitation ne suffit plus, il faut aujourd’hui contraindre à la rénovation de ces passoires énergétiques, observe la sociologue également cheffe de projet à l’ONPE.