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Rénovation thermique des bâtiments : où en est-on ?

Par L’équipe de rédaction

Publié le 31/08/2020 à 16h29, mis à jour le 14/09/2021 à 15h07

Le Magazine du week-end de France Culture a posé la question : « Rénovation thermique : qu’est-ce qui bloque ? » Les invités de Julie Gacon, ont partagé leurs expériences sur différents terrains : politique avec la députée Marjolaine Meynier-Millefert, technique avec l’architecte Erik Mootz et économique sous le regard de Louis-Gaëtan Giraudet, chercheur à l’École des Ponts. Alors que le rythme des travaux reste insuffisant, les intervenants sont revenus sur les freins à la rénovation et les solutions à déployer. Voici ce qu’il faut retenir de cet entretien !

Vers la neutralité carbone d’ici 2050

À l’heure actuelle, le secteur du bâtiment représente :

 

  • 44 % de l’énergie consommée en France ;
  • 123 millions de tonnes de CO2, soit près d’1/4 des émissions nationales.

 

Ce secteur regroupe à la fois :

 

  • les bâtiments publics tertiaires ;
  • les bâtiments privés : bureaux, commerces… ;
  • et le parc résidentiel : environ 35 millions de logements en France, étiquetés de classes A à G, selon leur niveau de performance énergétique.

 

Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, l’objectif est de faire « remonter progressivement l’ensemble de toutes les étiquettes à un niveau A ou B », précise la députée LREM, co-animatrice du Plan de rénovation énergétique des bâtiments. Or, aujourd’hui la majeure partie des rénovations offrent des résultats insuffisants. C’est le constat formulé par l’Ademe. L’enquête TREMI de 2017 révèle que « seuls 5 % des travaux réalisés ont un impact énergétique important (saut de 2 classes énergétiques type DPE) ». Marjolaine Meynier-Millefert souligne qu’ici ce n’est pas la qualité des travaux qui est en cause, mais leur nature. La plupart de ces rénovations portent en réalité sur des actions isolées : remplacement d’un équipement défectueux, amélioration thermique ciblée dans une pièce d’inconfort… Tout l’enjeu est d’embarquer des travaux de rénovation plus performants à l’occasion de ces opérations. La solution passe par l’information, mais pas seulement. Si les particuliers privilégient les gestes d’amélioration ponctuels, c’est aussi une question de budget. Le déploiement de soutiens financiers adaptés aux ressources des ménages est donc un levier indispensable.

 

Clarifier les aides à destination des particuliers

 

Pour l’économiste Louis-Gaëtan Giraudet, les aides actuellement en place fonctionnent bien, malgré les effets d’aubaine observés. Ces dispositifs touchent en effet une grande partie de foyers qui étaient déjà engagés dans une démarche de rénovation, concède le chercheur qui travaille en qui collaboration avec le Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement). Pour autant, ces subventions ne sont pas distribuées en vain : « les gens répercutent quasiment chaque euro d’aide dans l’investissement », relève-t-il. Cela signifie que les aides encouragent la réalisation de chantiers d’envergure. Une bonne nouvelle puisque c’est ici que se joue l’atteinte des objectifs à l’horizon 2050. En revanche, une simplification des dispositifs d’aides s’impose. Trop nombreuses, trop confuses, elles perdent en attractivité. Ce qui n’est pas le but recherché.

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Adapter les sanctions aux réalités du terrain !

 

Et pour les propriétaires récalcitrants ? Interrogée sur les mesures proposées par la Convention Citoyenne, Marjolaine Meynier-Millefert loue l’initiative, mais émet quelques réserves. L’obligation de travaux de performance énergétique à la vente du bien risque de peser sur les foyers de façon très inégale selon les territoires. Les régions à faible tension immobilière accuseront le coup. Une solution moins contraignante serait la « consignation d’une partie du prix de la vente qui serve obligatoirement à l’amélioration du bien ». Cette idée, proposée dans le cadre de la loi énergie-climat, avait été initialement rejetée, mais pourrait aujourd’hui être envisagée sous un jour plus favorable, souligne la députée LREM.

Gare aux leviers imposant des rénovations massives à court terme

La difficulté réside également dans la capacité du secteur du BTP à répondre à une massification rapide de la demande. Pour l’instant, les effectifs ne sont pas au rendez-vous : seuls 200 000 entreprises se consacrent à la rénovation – jusqu’à 500 000 avec celles qui réalisent ces actions sans que cela constitue leur cœur de métier – selon les chiffres communiqués par la députée LREM. Au regard des objectifs fixés, si l’on devait estimer le nombre de professionnels nécessaires, à activité constante, « on arriverait à une multiplication pratiquement par 10 » confie l’élue de l’Isère. Il est donc nécessaire d’inciter les jeunes générations à s’engager dans ces filières avec de nouveaux métiers tels que celui d’ingénieur artisan.

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« Le bon matériau au bon endroit et pour les bons usages »

 

L’autre danger serait de pécher par excès d’uniformité. Si la standardisation des travaux est une bonne chose, elle « impose qu’on aille vers des rénovations plus lourdes pour que les économies d’échelle puissent vraiment se produire », ajoute Louis-Gaëtan Giraudet. Par ailleurs, ce procédé de massification ne doit pas se faire au détriment des spécificités locales. « Je suis persuadée qu’il faut qu’on utilise le bon matériau au bon endroit pour les bon usages » insiste Marjolaine Meynier-Millefert.

 

L’architecte Erik Mootz déplore ainsi la prévalence de matériaux issus de l’industrie pétrochimique dans les actions de rénovation censées réduire notre empreinte environnementale. Un mécanisme contre-productif, objet de sa récente Tribune signée dans le journal Le Monde. Comme le souligne la députée de l’Isère, « les produits industriels ont plus facilement les labels qui permettent de montrer qu’ils répondent aux normes ». Pourtant, de plus en plus d’artisans maîtrisent les matériaux biosourcés, qui s’inscrivent davantage dans une démarche environnementale globale. Si la réglementation intègre le critère du bilan carbone des matériaux dans les bâtiments neufs – faisant la part belle au biosourcé – ce n’est pas encore le cas en rénovation. La décision est donc, pour l’instant, entre les mains de l’artisan et du particulier.

L’équipe de rédaction

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