Le rôle des femmes face au réchauffement climatique

Nous avons assisté à la conférence « Le rôle des femmes face au réchauffement climatique » qui se tenait le mardi 24 janvier à la Fondation Jean Jaurès à Paris. Cette discussion, animée par 4 intervenants, portait un message très clair : les femmes sont en première ligne des répercussions du réchauffement climatique : hausse de la température moyenne, montée des eaux, sécheresses de plus en plus intenses… Les femmes refusent cependant de n’être que de simples victimes en s’affirmant peu à peu comme de véritables actrices face aux changements climatiques.

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Intervenants

 

  • Hélène Conway-Mouret : Sénatrice et ancienne ministre des Français de l’étranger
  • Yveline Nicolas : Coordinatrice de l’association Adéquations
  • Michèle Sabban : Ancienne conseillère Île-de-France
  • Nicolas Imbert : Directeur exécutif de Green Cross France

Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées que les hommes ?

Au premier abord, la réponse à cette question ne semble pas si évidente. Pourtant les femmes sont bel et bien davantage victimes des changements climatiques que ne le sont les hommes.

 

L’explication principale réside dans les fortes inégalités hommes-femmes. Première inégalité vraiment frappante : 54 % des êtres humains sont des femmes, et celles-ci représentent 70 % du total des pauvres (moins de 1 $ par jour) dans le monde. Et pourtant les femmes sont responsables d’environ 65 % de la production agricole des pays en développement.

 

Les femmes, dans la très grande majorité des cas, gèrent le foyer. Elles assurent non seulement 80 % des tâches ménagères, d’éducation et de soin, mais consacrent aussi 3 fois plus de temps à la collecte de l’eau que les hommes. La marginalisation sociale s’opère de façon bien plus intense chez la femme : elles sont souvent exclues des processus décisionnels (en politique par exemple) et l’éducation leur est bien plus difficile d’accès (62 millions de filles dans le monde en âge d’aller à l’école n’y vont pas). La violence domestique dont elles sont bien trop souvent victimes doit aussi être soulignée, celle-ci ne faisant que s’ajouter à cette triste liste d’inégalités déjà bien trop fournie.

 

Et cela ne s’arrête pas là. En cas de catastrophes naturelles les femmes ont 14 fois plus de chances de mourir que les hommes. En effet, pour des raisons culturelles, elles sont souvent dissuadées d’apprendre à nager ou de grimper aux arbres. De plus les codes vestimentaires sexospecifiques peuvent parfois gêner leur mobilité en cas d’urgence. Élément à ne surtout pas négliger : la traite humaine qui s’opère de façon intense dans les zones dévastées par les catastrophes encourage le viol et le trafic de ces femmes affaiblies et isolées par ces contextes de sécheresses ou d’inondations.

 

Pour couronner le tout, les femmes sont bien plus sensibles aux maladies cardiovasculaires que les hommes. La précarité énergétique, notamment en milieu rural, est donc d’autant plus dangereuse pour elles.

Comment changer les choses ?

L’égalité hommes-femmes est un levier primordial pour la transition écologique des sociétés. Elle est aussi l’étape nécessaire à la lutte contre la pauvreté dans le monde.

 

Pour Hélène Conway-Mouret, cette égalité passe par l’« Empowerment » des femmes. En d’autres termes, la femme doit s’émanciper. Ses actions doivent être mises à l’échelle et ne plus se contenter d’être des « micro-projets ». Le droit le plus fondamental de la femme est celui d’être la seule et unique responsable de son corps : elle doit pouvoir bénéficier d’une totale liberté sexuelle et de reproduction. Le fait que de nombreuses femmes soient obligées d’enfanter demeure une profonde source d’inégalités.

 

Nicolas Imbert rappelle que lorsqu’il s’agit de problèmes de pollution et d’alimentation, il faut à tout prix cesser de raisonner comme si l’espèce humaine ne comprenait qu’un unique genre. Les décisions sont trop souvent prises avec le seul schéma de l’homme en tête, alors que les femmes réagissent différemment tant sur un plan physionomique que psychologique.

 

D’après Michèle Sabban, la solidarité entre femmes riches et pauvres est très importante pour faire avancer les choses. Elle donne l’exemple des Premières Dames des pays d’Afriques. Femmes puissantes et respectées, elles sont souvent à la tête de nombreuses associations. Malheureusement, celles-ci sont trop rarement féministes. Michèle Sabban encourage donc ces femmes à promouvoir plus d’associations favorables à l’égalité des sexes, notamment à Bonn lors de la COP 23. Elle rappelle aussi l’importance de l’entrepreneuriat féminin, qui leur accordera plus de visibilité, d’autonomie et renforcera la logique de cohésion entre les femmes et les hommes.

 

L’empowerment passe aussi et surtout par la force de l’engagement de la société civile féminine. Yveline Nicolas donne l’exemple de la Tunisie, où un projet de loi de la future constitution tentait de définir la femme comme la complémentarité et non l’égalité de l’homme. Mais les femmes tunisiennes se sont battues et cette loi ne fut jamais mise en place. La force de dire non est pour la femme fondamentale. Elle lui permettra d’acquérir la confiance en elle dont elle a besoin pour affirmer sa place dans la société et mettre un terme à toute forme de soumission.

 

Les femmes sont engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique et sont le moteur d’une multitude de solutions innovantes. L’un des textes fondateurs de l’idéologie écologique fut d’ailleurs écrit par une femme : « Only One Earth » de Barbara Ward.

 

Portée par son pragmatisme, son instinct de protection et sa capacité de gestion, la femme devrait avoir une place centrale dans les prises de décisions, quelles qu’elles soient. De plus, son rôle de mère montrant l’exemple à ses enfants lui confère une légitimité inébranlable.

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Oui, le réchauffement climatique est l’enjeu le plus essentiel de notre siècle. Mais avant de parler de transition énergétique, de sortie du nucléaire, de lutte contre la surconsommation… commençons par utiliser l’outil le plus puissant et efficace que nous avons à notre disposition : l’égalité femmes-hommes.