Économie circulaire : le fromage peut être une énergie renouvelable

Vous aimez le beaufort ? Peut-être sa production a-t-elle aussi servi à produire du biogaz. En Savoie, une usine unique au monde revalorise les effluents de l’industrie fromagère afin de les utiliser dans une usine de cogénération. Un bel exemple d’économie circulaire.

Lorsqu’on produit un beaufort, comme pour beaucoup d’autres fromages, le petit lait est un résidu non-utilisable. Auparavant, les producteurs savoyards le donnaient aux cochons, puis, avec la disparition de l’élevage porcin dans la région, le faisaient transporter en camion vers une usine produisant des compléments alimentaires, ce qui représentait une émission carbone importante mais aussi une perte d’opportunités économiques. C’est pourquoi la revalorisation du petit lait dans une usine de méthanisation de la région leur a paru attrayante.

Le principe d’un méthaniseur est similaire à celui d’un estomac de vache. Des bactéries ajoutées au petit lait s’en nourrissent et, en digérant, produisent du méthane. Ce biogaz est ensuite utilisé en cogénération, ce qui veut dire que sa combustion sert à la fois à produire de la chaleur et à faire tourner des turbines qui produisent de l’électricité, ce qui assure une plus grande efficacité.

L’usine, qui a été inaugurée en octobre 2015 et qui est baptisée « Savoie Lactée », recueille le lait de plus de 600 producteurs de Beaufort et elle permet de traiter environ 100 000 litres de lait par jour, quantité qui permet de produire suffisamment d’électricité pour subvenir aux besoins de 1 000 familles. Les producteurs ayant participé au financement de cette usine ont investi 5 millions d’euros.

Les avantages de cette solution sont nombreux, en faisant un exemple d’économie circulaire. Pour les producteurs, elle assure un complément de revenu intéressant. L’énergie produite par l’usine est entièrement d’origine renouvelable, ce qui assure une production plus respectueuse de l’environnement. La société Valbio, une entreprise du Sud de la France qui est à l’origine de cette solution, est spécialisée dans la revalorisation des substances habituellement perdues par les entreprises. Elle est également active dans la récupération d’autres effluents, notamment ceux de l’industrie vinicole ou de la production de fruits et légumes, ce qui permet à chaque fois une valorisation plus complète de la filière et un meilleur bilan carbone.

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Au-delà du contexte savoyard, la méthanisation est partie intégrante de la transition énergétique en France. Un certain nombre d’agriculteurs reçoivent déjà des aides de la part du gouvernement et ce soutien est amplifié depuis l’an dernier. Contrairement au solaire et à l’éolien, le méthane permet de choisir les moments où l’on a le plus besoin de produire de l’électricité. Il convient en revanche d’être très vigilant afin que les équipements ne permettent pas de fuite de ce gaz à fort pouvoir réchauffant.