Plus de climatisation, plus de canicules

Alors que la canicule s’installe en France et que beaucoup achètent ventilateurs et climatiseurs, il est bon de rappeler que ce système de refroidissement de l’air intérieur représente une menace pour l’environnement. En effet, dans un rapport intitulé « l’avenir du refroidissement », l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dresse le portrait d’une révolution pour certains et d’un danger pour le climat. Et si, en luttant contre la canicule actuelle, nous en entraînions de nouvelles ?

Toujours plus de climatisation dans le monde

D’après l’AIE, la climatisation représente 10 % de la consommation électrique mondiale soit un 1 / 5 de la facture d’électricité de tous les bâtiments du monde. Les projections réalisées par l’agence indiquent que l’utilisation croissante de la climatisation à titre professionnel et personnel explique en grande partie la croissance de la demande d’électricité prévue sur les 30 années à venir. En effet, on pourrait passer de 1,6 milliard de systèmes de climatisation installés aujourd’hui à 5,6 milliards en 2050. Concrètement, il s’agirait de 10 nouveaux climatiseurs vendus chaque seconde et ce pendant trois décennies. Dans les 10 années à venir, 2,4 milliards de climatiseurs devraient être vendus selon l’Agence.

 

Enfin, le marché de la climatisation est loin d’être saturé. En effet, sur les 2,8 milliards d’humains localisés dans les régions les plus chaudes, seulement 8 % utilisent actuellement l’air conditionné, contre 90 % aux Etats-Unis et au Japon.

 

Pour répondre à cette demande, il faudrait construire de nouveaux sites de production avec un coût estimé à plus de 3 200 milliards de dollars et un impact sur le climat considérable.

Un danger pour l’environnement

Cette demande pour la climatisation qui ne fait qu’augmenter provoquera une hausse de 50 % des émissions de CO2 à 2050. En effet, la climatisation est pollueuse puisqu’elle rejette des fluides frigorigènes, un puissant gaz à effet de serre. De plus, elle est calorifique et contribue donc à la « surchauffe urbaine », en augmentant de 1 à 1,5 °C la température en ville, une différence avec la campagne qui peut atteindre les 8 °C en cas de canicule.

 

Or les émissions de gaz à effet de serre contribuent au dérèglement climatique. Si la demande continue de croître à cette vitesse, le dérèglement climatique pourrait s’accentuer et les périodes de canicule se multiplier. En effet, le dérèglement climatique explique ces périodes de forte chaleur qui était auparavant très rares mais qui pourraient devenir de plus en plus fréquentes. Si aucune mesure n’est prise pour limiter le réchauffement climatique, nous pourrions connaître des températures de 50 °C, voire 55 °C d’ici la fin du siècle.

Que faire pour éviter ça ?

Pour éviter une telle situation, l’AIE préconise la mise en place de normes d’efficacité énergétique plus contraignantes puisque les systèmes de climatisations vendus au Japon et dans l’Union Européenne sont 25 % plus efficaces que ceux utilisés aux Etats-Unis et en Chine.

 

De plus, ces normes pourraient permettre de réduire de 45 % la demande d’électricité prévue en 2050. Imposer un niveau de performance minimum aux climatiseurs serait donc une solution efficace puisque cette mesure permettrait d’économiser l’équivalent de la production d’électricité de toutes les centrales à charbon d’Inde et de Chine.

Des solutions alternatives à la climatisation

En période de canicule, la climatisation, très énergivore, ne représente pas la seule solution. En effet, il est possible de rester au frais grâce à des gestes simples. S’adapter aux conditions météorologiques représente certes un engagement au quotidien mais, après tout, n’est-ce pas mieux qu’une canicule à temps plein ?