Bois de chauffage : L’analyse du marché

Se chauffer au bois est redevenu en quelques années une solution crédible et économique pour affronter l’hiver. Face à la montée du prix des énergies fossiles (pétrole et gaz pour l’essentiel), le bois est sollicité grâce au retour de la chaudière à granulés de bois et du poêle à bûches chez le particulier du fait d’un plus faible coût d’utilisation. Les équipements sont également plus performants assurant une meilleure combustion et donc des meilleurs rendements. Face à ce retour annoncé du bois, nous souhaitions en savoir un peu plus sur l’état actuel du marché et ses perspectives pour 2012. Le fondateur du site internet Le marché du bois, Brice Johner, a bien voulu répondre à nos questions pour nous apporter un éclairage particulier sur la filière française du bois.

Quelle Energie : 2011 vient de s’achever, la demande en bois de chauffage s’est-elle renforcée durant l’année ?

Brice Johner : L’année a été très atypique avec un marché du bois grippé par le climat. Nous avons eu un mois de janvier et de février plutôt rigoureux. Les températures descendaient fréquemment en dessous de zéro, ce qui n’a pas été du tout le cas durant les deux derniers mois de 2011. Le début d’année avait donc été favorable à la filière avec de bons volumes mais cela s’est vite calmé fin février avec des températures anormalement élevées. Les particuliers se sont donc retrouvés avec un stock de bois qui n’avait pas encore été écoulé à la fin de l’année à cause d’un automne très doux. Le marché du bois de chauffage est une filière thermosensible, elle dépend des aléas climatiques (l’année 2011 a été la plus chaude depuis un siècle selon Météo France). Malgré l’engouement pour ce type d’énergie, le marché n’a pas connu une croissance spectaculaire. La crise n’a pas non plus épargné la filière : les particuliers achètent au dernier moment et au plus juste.

Quel a été le produit phare de l’année ?

Il n’y a pas eu concrètement de produit phare mais on observe une tendance : le granulé de bois continue sa course et devient de plus en plus populaire. Cela s’explique par les bonnes ventes de poêles à bois observées depuis quelques années. Cependant, cette progression a stagné en 2011 à cause du climat peu rigoureux.

Quel type de bois conseillez-vous aux particuliers pour un meilleur rendement de leur poêle ?

Assurément du bois sec. Et j’insiste sur ce point ! Les particuliers ont tendances à privilégier le prix plutôt que la qualité et cela est très dommageable. Il vaut mieux acheter la même quantité de bois sec à un prix plus élevé plutôt que la même quantité d’un bois humide à un prix inférieur. Raison : le bois sec assure un meilleur rendement lors de sa combustion et il ne risque pas d’abîmer l’équipement contrairement à un bois humide susceptible de dégrader les conduits d’évacuations. Il est donc plus économique de privilégier du bois sec !

Comment vérifier si le bois acheté est sec ?

Une astuce lorsque vous achetez du bois, c’est de le sous peser : si vous avez l’impression que le bois est lourd, il y a de forte chance qu’il soit humide et encore imbibé d’eau. Un outil existe pour mesurer efficacement le taux d’humidité : l’humidimètre. Sinon, des labels existent tels que NF bois de chauffage. Ils garantissent des niveaux d’humidités afin d’obtenir de bons rendements. A l’inverse, acheter sur le marché parallèle gangrène la filière et n’apporte aucune garantie. Il faut donc privilégier les fournisseurs locaux s’approvisionnant dans les forêts de la région légalement.

Quelles sont les essences à privilégier ?

Les trois essences historiques sont toujours à privilégier : le chêne, l’hêtre et le charme. Ils ont des pouvoirs calorifiques élevés et peuplent la grande majorité des forêts française.

Quel est l’intérêt des bûches densifiées ?

Les bûches densifiées assurent un meilleur rendement car ce sont des concentrés d’énergie. Elles peuvent être utilisées dans un poêle ou une cheminée. Grâce à ses propriétés énergétiques, la bûche peut être utilisée durant toute une nuit (appelée bûche de nuit) : elle continue de brûler au petit matin. De plus, la bûche densifiée est simplement fabriquée à partir de la compression du bois et aucune colle n’est donc ajoutée.

Le prix du bois est-il amené à augmenter avec la demande grandissante ?

On estime que d’ici à 20 ans, la demande n’augmentera pas malgré un parc croissant d’équipement de chauffage au bois. Cela peut paraître contradictoire mais il y a une explication à cette prévision : les rendements sont toujours plus élevés. On peut cependant voir apparaître quelques tensions sur les prix car le marché fluctue énormément selon les saisons et les départements. Il reste à souligner le taux de TVA est de 7 % depuis cette année et les fournisseurs sont donc obligés d’augmenter leurs prix.

Les granulés de bois issus des scieries ne suffisent plus à satisfaire la demande, ne risque-t-il pas d’y avoir une pénurie dans les prochaines semaines ?

La profession fait tout pour ne pas connaître de pénuries et satisfaire la demande. Il faut savoir que la quantité de bois disponible augmente en France. Les exploitations forestières sont mieux gérées sur le long terme. L’objectif de la filière, c’est de produire local afin de limiter au maximum les coûts liés aux transports.

Quelles sont les prévisions pour cette nouvelle année et quelles seront les nouvelles tendances des consommateurs selon vous ?

Du fait d’un climat peu favorable pour le marché du bois-énergie, il est pour l’instant trop tôt pour annoncer des prévisions pour 2012. Cependant, nous avons pu constater un regain d’activité en ce début d’année.

 

Concernant notre site internet qui a pour but d’informer le particulier et de trouver le fournisseur de bois le plus proche, la priorité sera faite aux services d’informations. L’évaluation des fournisseurs va également être développée afin de garantir le meilleur service aux internautes.