Le modèle Danois, un exemple pour tous ?
Suite au sommet de Copenhague en décembre dernier, les danois s’étaient engagés à compenser le CO2 émis lors de ce rassemblement mondial. Au-delà de cette bonne volonté et de la portée médiatique du geste, nous avons décidé de voir si les Danois étaient un exemple de vertu sur le plan écologique.
L’année dernière, les danois avaient été fortement conseillés sur les gestes écologiques du quotidien, tels que prendre des douches brèves, manger moins de viande ou se déplacer en vélo. Concernant ce dernier point, il s’agit également d’une solution économique, car il faut dire que la TVA au Danemark est de 25,6%, sauf pour les voitures où elle est de 200%. Combinée avec le prix du carburant (en moyenne 20 centimes plus chère qu’en France), cette mesure dissuasive permet au Danemark de décongestionner son réseau routier, avec 418 voitures pour 1000 habitants (contre 491 en France).
De plus, la politique environnementaliste ne se limite pas à des « gestes du quotidien ». Depuis quelques années, de grands efforts sont réalisés afin de réduire l’empreinte carbone de chacun. Le Danemark possède ainsi le plus grand parc de bâtiments basse consommation d’énergie d’Europe, avec 76 hectares à Egedal, au sud de Copenhague, soit 750 bâtiments. L’eau de pluie est récupérée, tous les toits possèdent au minimum 3 m2 de panneaux photovoltaïques, et le PVC est totalement absent des constructions. L’économie d’énergie étant aussi synonyme d’économies financières, la facture d’électricité est réduite, et les conditions de vie meilleures grâce aux chauffages programmables et aux échangeurs d’air. Chaque foyer consomme au plus 15 kW par m2 par an, ce qui est bien en-dessous des exigences de la norme BBC (Bâtiment Basse Consommation) en vigueur en France. Le prix des maisons est majoré de 5 à 10% par rapport au prix moyen des habitations danoises, mais cette initiative permettra une économie de 630 tonnes de CO2 et 3,6 millions de kWh par an. Ceci est une vitrine alléchante, qui donne le ton pour la maison du futur.
Les pouvoirs publics se sont également beaucoup investis, allant jusqu’à modifier les procédures de décollage des avions. L’ascension se fait maintenant en continu, et non plus par paliers, et la direction de la destination est prise immédiatement. Cela permet une économie de 200 kg de kérosène par vol, soit environ 620 kg de CO2. Le Danemark produit également 19,7% de son électricité grâce à l’énergie éolienne. Malheureusement, ce chiffre stagne en raison de dissensions politiques, ce qui est extrêmement dommage vu l’excellent départ pris en 1994…
Cette conscience environnementale qui habite les danois ne date pas d’hier : en 1977, le Danemark était le premier pays à fixer des normes de restriction au niveau énergétique. Malgré ces engagements précoces, les danois sont en retard sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre (réduction de 4%). Ils comptent pourtant atteindre l’objectif de -21% de GES d’ici l’horizon 2020, annoncé à Kyoto en 1997. Ceci dit, le modèle danois connaît des limites. Les anciennes maisons étant très mal isolées, les besoins énergétiques sont conséquents. Résultat : le Danemark est le pays européen le plus dépendant du charbon, et donc le plus émetteur de dioxyde de carbone par habitant avec 9,8 tonnes/an, contre 5,8 tonnes/an pour la France (dont la majeure partie de l’énergie est produite par le nucléaire). Ainsi, le modèle de politique environnementaliste est excellent du point de vue des constructions nouvelles et du civisme, mais un effort reste à faire sur la rénovation des bâtiments préexistants.