La France autonome en biogaz d’ici 2050

L’Ademe est depuis de nombreuses années impliquée dans les réflexions et les actions relatives à la stratégie énergétique française.

 

Depuis 2013, elle publie des études prospectives (des « scénarios climat-énergie ») qui dessinent les trajectoires possibles du futur paysage énergétique. Dans la continuité de ces travaux, l’Ademe a décidé de consacrer sa nouvelle étude à la seconde énergie la plus consommée en France : le gaz.

 

Les auteurs de ce rapport explorent les conditions de la faisabilité technico-économique d’un système gazier basé à 100 % sur du gaz renouvelable d’ici l’horizon 2050. Et grâce à la production de biogaz par méthanisation, à la gazéification de biomasse sèche et au power-to-gas, la France pourrait être autonome en gaz d’ici 2050. Explications.

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Vers une production de gaz « made in France»

L’Ademe, en partenariat avec GRDF et le gestionnaire de réseau GRTgaz, a récemment publié une étude portant sur la production et la consommation d’un gaz 100% renouvelable sur le territoire français.

 

L’agence y détaille les conditions (mobilisation des ressources naturelles, coût du développement des infrastructures, répartition des technologies de production…) qui permettrait à la France de fonctionner à 100% de gaz naturel d’ici un peu plus de 30 ans.

 

« On a un potentiel de gaz renouvelable très important, sans commune mesure avec ce qu’on exploite aujourd’hui », a estimé Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe, en présentant les résultats de cette étude lors des dernières assises européennes de la transition énergétique à Genève.

 

À partir de différentes hypothèses d’évolution des filières de production gazière, et en prenant en compte les dynamiques d’amélioration de l’efficacité énergétique et une meilleure maîtrise de notre consommation énergétique, les chercheurs de l’Ademe ont présenté 4 scénarios dont 3 correspondent à un mix gaz 100% renouvelable d’ici 2050.

Un objectif 100% de gaz renouvelable

L’Ademe s’est dans un premier temps consacrée à l’évaluation des gisements théoriques de ressources primaires mobilisables et au rendement de conversion. En l’état actuel des choses, la France serait donc capable de produire grâce à ses ressources propres jusqu’à 460 TWH de gaz renouvelable. Un volume qui s’avère très proche de la consommation actuelle de gaz naturel des citoyens tricolores.

 

Dans leur scénario de référence, les auteurs de l’étude estiment que la France pourra produire l’intégralité du gaz dont elle a besoin grâce au développement de toutes les filières des bioénergies. En première ligne, une technologie déjà mature : la méthanisation. La valorisation énergétique des déchets agricolesalimentaires et des boues d’épuration permettrait en effet à la France de couvrir 30% de sa production gazière (140 TWh annuels).

 

D’autres technologies, qui n’ont pas encore atteint la maturité, compléteront la puissance de production française. En premier lieu, la pyrogazéification : la production de méthane à partir de matières organiques (bois ou déchets conditionnés) permettrait de générer jusqu’à 180 TWh de gaz par an (soit 40% de la production).

 

Enfin, la technologie du power-to-gaz (production de méthane par électrolyse de l’eau) représente un potentiel annuel de 140 TWh (soit 30% de la production).

 

Embauche secteur du batîment

 

Quelles conditions pour atteindre cet objectif ?

Les auteurs de l’étude ont pour la première fois poussé leur travaux jusqu’à établir des fourchettes de coûts, en se basant sur le potentiel réel des différentes technologies et sur l’évaluation des ressources département par département (et en prenant soin de ne pas concurrencer les usagers alimentaires ou de matières premières).

 

Le prix de production, de stockage et de distribution d’un MWh de gaz renouvelable « made in France » oscille entre 116 et 153€ en fonction du scénario. Un chiffre largement supérieur à ce que coûte actuellement le gaz naturel (entre 20 et 25€ / MWh).

 

L’Ademe estime cependant que l’émergence d’autres technologies de production et la hausse de la taxe carbone pourraient tirer le prix du gaz naturel à 86€ le MWh d’ici 2050.

 

« Une grande part du potentiel mobilisable est autour de 80€/MWh, ce qui le rend très concurrentiel avec le gaz fossile. Les prix augmentent lorsqu’on veut atteindre 100% de gaz renouvelable, les derniers pour cent sont les plus chers à aller chercher », explique Fabrice Boissier.

 

Mais « dans un monde ou le carbone aura un prix très élevé, ça peut être des technologies qui deviennent compétitives ».

 

De manière un peu plus concrète, le scénario de référence nécessiterait de nombreuses modifications et améliorations sur le plan national : maillage du territoire pour un système gazier décentralisé, renforcement des systèmes de collectes des ressources (boisdéchets…), développement des cultures intermédiaires (augmenter les ressources agricoles utilisables). Sans oublier l’installation d10.000 unités de production gazière au cours des 30 prochaines années.

 

Mais les bénéfices se mesureraient plus d’un point de vue environnemental qu’économique. Un scénario de gaz 100% renouvelable entraînerait en effet une réduction annuelle de nos émissions de gaz à effet de serre à hauteur de –63 millions de tonnes, permettrait du supprimer les importations de gaz naturel (10 milliards d’euros en 2016) et serait fortement créateur d’emplois non-délocalisables.

Article de notre site partenaire « Le Monde de l’Energie »
Média participatif traitant toute l’actualité liée à l’énergie en France et dans le monde, et donnant la parole à des spécialistes des énergies renouvelables, de l’éolien, du solaire, des smart grids…