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Photovoltaïque : la concurrence chinoise est-elle imbattable ?

Par L’équipe de rédaction

Publié le 28/02/2011 à 17h41, mis à jour le 02/09/2021 à 16h31

Elle est l’une des raisons majeures de la remise à plat étatique et du controversé moratoire sur les projets photovoltaïques de plus de trois kilowatts crête (KWc) (confirmé au début du mois de février par le Conseil d’État) qui l’a accompagnée. Évoquée à maintes reprises par les autorités et bien que méconnue voire carrément ignorée du grand public jusqu’à ces dernières semaines, la concurrence chinoise sur les panneaux solaires est effectivement à l’origine de gros dégâts sur la filière française.

 

En particulier de l’importante perte de compétitivité de Photowatt, fleuron national « vert » hélas trop peu soutenu pour lui résister et qui se prépare à perdre la moitié de ses effectifs. Les panneaux fabriqués par l’Empire du Milieu sont de moins bonne facture que leurs pairs hexagonaux – ils produisent par exemple 1,8 fois plus de dioxyde de carbone, a précisé la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet fin décembre 2010 – et leur importation massive génère d’importantes quantités de gaz à effet de serre (GES) mais ils sont aujourd’hui les leaders sur le marché français.

 

90 % des panneaux solaires installés sur le territoire viennent aujourd’hui de Chine. Une aberration à laquelle il faut impérativement remédier au plus vite. Tout le monde est d’accord là-dessus. Sauf que les solutions préconisées dans le rapport provisoire Charpin-Trink, présenté dans le cadre de la concertation en fin de semaine dernière, qui officiellement n’engage que ses auteurs mais pourrait aiguiller la politique gouvernementale, ne répond pas du tout aux attentes des professionnels en la matière. Ledit rapport « ne pose pas les enjeux vis-à-vis du marché mondial et privilégie une logique comptable sur des chiffres discutables », nous a ainsi confié le directeur général de l’Association professionnelle de l’Énergie Solaire Enerplan.

L’ogre Suntech

En tout état de cause il sera bien difficile de freiner l’ascension de l’insatiable Suntech, « pionnier et leader du marché », ainsi que l’a rappelé notre confrère de Libération Philippe Grangereau, venu enquêter sur place. L’entreprise siège à Wuxi, véritable « Silicon Valley chinoise » situé à une centaine de kilomètres à l’ouest de Shangaï et où la filière photovoltaïque pèse déjà plus de 3 milliards d’euros, « répartis sur une dizaine de grands fabricants et nombre de sous-traitants », précise le quotidien.

 

Preuve de sa santé éclatante, elle compte aujourd’hui quelque 14.000 employés en Chine et un millier à l’étranger. Entré à Wall Street en 2005, le groupe a depuis fait l’acquisition de locaux ultramodernes, avec notamment une exposition permanente inaugurée l’été dernier par l’ancien vice-président américain Al Gore en personne. Il dispose par ailleurs de filiales dans 14 pays et paraît maintenant trop bien lancé pour s’arrêter en si bon chemin.

 

Mondialisation oblige, si la quasi-totalité des panneaux sont encore fabriqués « au pays », une unité de production est en passe d’être délocalisée en Arizona (États-Unis). « Pour se rapprocher de (la) clientèle », résume Zhang Jianmin, l’un des représentants de Suntech, interrogé par Libération. Solidement implantée dans les puissances occidentales, la société a réussi le tour de force de devenir une multinationale redoutée en l’espace de 10 ans, malgré le refus de Pékin d’accorder des subventions à l’achat de panneaux solaires. Elle est aujourd’hui le coeur solaire du pays et par extension celui du monde.

Une situation qui risque de faire beaucoup de malheureux aux États-Unis et en Europe dans les années à venir.

L’équipe de rédaction